L’INSEE CONFIRME QUE LA GUADELOUPE N’EST PAS LA FRANCE !
Evidemment, le titre est une boutade, mais si nous considérons que les faits sont têtus, l’étude de l’Insee est digne d’intérêt pour le grand public et, encore plus, pour tous ceux qui luttent pour une Guadeloupe maitre de son destin.
L’Insee vient, en effet, de publier une étude sur les revenus et la pauvreté en Guadeloupe les départements d’Outre-mer. Si on devait faire un peu d’humour, à la lecture de cette étude, nous dirions que cette administration de l’Etat reconnait que la Guadeloupe n’est pas un département français. Il faut noter que cette étude a été présentée le lundi 19 mars 2018 aux membres de l’Observatoire des prix. Etaient dûment convoqués, comme membres à part entière de l’Observatoire des prix, des marges et des revenus de la Guadeloupe, les 7 parlementaires de la Guadeloupe, le président de l’association des maires, le président du Conseil régional, la présidente du Conseil départemental. A l’exception du Conseil régional, représenté par un fonctionnaire, tous ces augustes personnages brillaient par leur absence. Il faut dire qu’il n’y avait ni télé, ni radio.
Dans ce document, l’Insee situe le seuil de pauvreté à 600 € mensuels en Guadeloupe alors que celui-ci atteint 977 € mensuels pour « la France continentale », soit 50% de plus. Si on utilisait le seuil national, le taux de pauvreté en Guadeloupe serait en réalité proche de 49%. Cela veut dire qu’un Guadeloupéen sur deux serait considéré comme pauvre. C’est l’Insee qui le dit dans son rapport : « Selon la source ERFS, le seuil de pauvreté est de 980 € en France métropolitaine. Si on considère le seuil de pauvreté métropolitain, le taux de risque de pauvreté est bien plus élevé en Guadeloupe en 2011. La pauvreté concerne la moitié de la population »
Pourtant, cette façon de calculer la pauvreté ne reflète que d’une manière partielle la réalité, bien plus choquante. L’Insee, elle-même, reconnait que les prix sont supérieurs de 8,3% en Guadeloupe (les produits alimentaires de base sont plus de 50% plus chers qu’en France).
Malgré ce seuil de pauvreté inférieur de moitié à la France, le taux de pauvreté est de 20% en Guadeloupe et de 14% en France. Malgré la brutalité des chiffres, France Antilles dans son édition de samedi 24 mars 2018 tente une grossière opération de manipulation des masses. Ainsi à la page deux de ce quotidien, on peut lire un énorme titre : Les Guadeloupéens vivent de mieux en mieux, tout cela parce que le taux de pauvreté aurait baissé de 07% entre 2001 et 2011. Evidemment aucun mot sur la différence entre les seuils de pauvreté.
Du fait de cette différence, les autorités françaises estiment que les Guadeloupéens doivent se satisfaire d’une norme de niveau de vie inférieure à celle de la « France continentale ». Ce calcul cache, en grande partie, la brutalité et la réalité de la misère qui règne en Guadeloupe et aussi les grandes inégalités qui y demeurent. Le plus grand dénuement du plus grand nombre y côtoie les plus grandes richesses.
Ces données en disent long sur l’intérêt porté « aux Dom » par les autorités et aussi l’indifférence des élus Guadeloupéens. Au passage, on remarquera que ces statistiques portent sur l’année 2011 et ne permettent donc, en rien, de comprendre ce qui se joue actuellement.
Pour terminer et pour réaffirmer la nécessité de mener la batailles des idées, je voudrais citer le grand sociologue Pierre Bourdieu qui disait le 12 décembre 1995 pendant la grève des cheminots : « je pense qu’on ne peut combattre la technocratie, nationale et internationale, qu’en l’affrontant sur son terrain privilégié, celui de la science, économique notamment, et en opposant, à la connaissance abstraite et mutilée dont elle se prévaut, une connaissance plus respectueuse des hommes et des réalités auxquelles ils sont confrontés »
Alain PLAISIR
Président du CIPPA