19/03/2024

Réflexions sur le « rêve » guadeloupéen

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PUBLIÉ LE 1 FÉVRIER 2009 / ÉPISODE DES 44 JOURS DE GRÈVES.


14 ANS APRÈS, NOUS EN SOMMES AUX MÊMES INTERROGATIONS.

J’ai écrit cet article pendant les évènements des 44 jours de grèves qui ont marqué la Guadeloupe en 2009. Voilà déjà quatorze ans. Nous constatons malheureusement depuis que rien n’a changé dans l’esprit de la rectification souhaitée. Le vrai changement espéré dans le sens de propres et réelles responsabilités tarde à poindre faute de lucidité et de courage fasse à l’avenir. Il ne serait pas stupide d’affirmer, bien au contraire, que la situation a empiré et rien aujourd’hui ne nous annonce une quelconque prise de conscience face à notre triste réalité.
De plus, je veux pour preuve, sans entrer dans une grande démonstration, le dernier rapport de l’INSEE informant la déperdition de notre démographie. Il n’y a pas plus parlant et plus percutant pour comprendre le malheur à venir. Les Guadeloupéens ont intérêt à faire très attention pour ne pas simplement disparaitre dans les trente ou quarante ans à venir.
Le CIPPA ne dit pas comme certains qui spéculent encore sur le sexe des anges, que devons-nous faire ? Ce parti politique clairement autonomiste et avant-gardiste dicte, montre et démontre le chemin sur lequel la GUADELOUPE devrait aller.
L’heure n’est plus à la tergiversation. Si nous n’allons pas vers le statut de PTOM, alors la France elle-même finira par nous l’imposer. Entre une autonomie pensée, calculée, souhaitée et une autre ordonnée, il n’y a pas photo. Le CIPPA encore une fois aura averti des dangers à venir. Le Peuple guadeloupéen doit se réveiller et arrêter de croire qu’être apolitique ou pire, ne pas voter aide le Pays à avancer. Chaque fois que quelqu’un de ce territoire détournera la tête de ses propres responsabilités politiques, il devra savoir au plus profond de lui qu’il devient le fossoyeur de sa propre terre. Chaque enfant du Pays doit devenir Militant en s’engageant clairement pour améliorer son pré carré. Personne ne s’investira pour défendre la Guadeloupe à notre place sinon pour souhaiter et instiller notre départ !
Drôle de retournement, c’est un ministre français qui, aujourd’hui, dit aux Guadeloupéens qu’ils sont incapables de penser et de réaliser leur autosuffisance alimentaire. Il va de soi que si l’on est dans cette incapacité, nous serons automatiquement aussi incapables d’imaginer une quelconque autonomie. La France hier qui n’a rien fait et qui ne fait toujours rien pour permettre à ce pays de mettre en place un quelconque développement économique se permet aujourd’hui de rejeter la faute sur nous-mêmes. Facile cette forme de sophisme. Cela nous ramène à cette mystification historique à faire croire que les Africains ont vendu leur propre frère. L’Occident a les mains propres, par conséquent, nous sommes responsables de nos malheurs.
Pour sortir de cette spirale, nous devons présenter le rédactionnel de notre loi organique en précisant notre Projet programme pour le Pays sur les cinquante ans à venir. Les responsables des deux assemblées doivent convoquer un Congrès dans
l’optique de finir avec ces deux structures tout en recherchant à ériger une Assemblée Unique afin d’optimiser les urgences du développement de la Guadeloupe. 2003 a été une monstruosité, il n’est pas question que cela perdure.
L’État français finira aussi par l’imposer. Le statut de PTOM est le plus adéquat pour la Guadeloupe. Il ne s’agit pas là, d’une révolution, nombreuses sont des îles autour de nous qui fonctionnent avec ce principe encadrant. Nous pouvons établir un PTOM à la carte, mais cela sous-entend une collaboration avec tous les partis politiques pour l’élaboration d’un projet commun. Le Régalien restera à l’État comme cela se fait dans chaque pays Autonome.
Le CIPPA suggère même de transférer la responsabilité de la Santé à l’État étant donné que ce poste reste particulièrement délicat et onéreux. Cependant, nous devons rester maîtres de notre fiscalité afin de maîtriser les flux financiers capables
de générer de l’actif pour cette nouvelle assemblée. Nous ne ferons pas contre l’État. L’État va devoir s’assurer de la bonne réalisation de cette nouvelle gouvernance. Alors, nous ferons avec l’État puisqu’il a aussi la responsabilité de la réussite de cette nouvelle Autonomie.
Si les Politiques guadeloupéens ne se mettent pas d’accord pour accéder à cette nouvelle donne, il est à parier que le peuple guadeloupéen ne se lèvera pas en masse pour la réclamer. Les Guadeloupéens dans le fond savent que le statuquo est un échec. Les politiques doivent faire preuve de maîtrise et de connaissance de la nouvelle situation souhaitée. Leur hésitation devient un aveu d’impuissance et de méconnaissance de la question de l’Autonomie. Ce pays a tellement vécu sur l’idolâtrie de ce système, par conséquent, dans l’inconscient de nos compatriotes aucun changement ne serait envisageable. Surtout pas avec les représentants que nous avons en ce moment. Il s’avère évident que la seule manière de redonner la confiance au peuple guadeloupéen serait de créer un collectif averti maitrisant les tenants et aboutissants d’un nouveau projet, un nouveau paradigme autocentré sur l’avenir économique du territoire. Les politiciens actuels doivent penser Pays et non carrière personnelle. L’heure n’est plus à l’individualisme, mais à la collectivité majeure de cet Archipel qui doit enfin se construire. Les mentalités doivent changer pour définitivement sortir de cet archaïsme ambiant et rétrograde. Le jour où nous serons capables de dire aux Guadeloupéens que nous nous sommes mis d’accord sur un consensus d’évolution, le CIPPA est persuadé que le peuple va suivre. Faisons preuve de compétence et de lucidité afin de porter une note pédagogique à notre peuple dans le but de rassurer tout ce beau monde vers un changement qui dès lors s’impose. Si nous restons davantage dans le statuquo, il est évident que nos représentants politiques sont responsables de cet enlisement. Les Guadeloupéens seront prêts pour le changement le jour où nous démontrerons que nous serons capables de verbaliser clairement ce que nous voulons.
Certains se complaisent dans cette situation parce qu’ils craignent de perdre leur petit privilège. Pour ce qui est du CIPPA, nous avons déjà démontré que l’Autonomie était viable à condition de penser Guadeloupe dans son ensemble et non pour certains.
Allons-nous tous les quatorze ans faire les mêmes constats ?

Grand Bourg le, 02/03/23
Bernard LECLAIRE
Président du CIPPA


Article du premier février deux mille neuf :


Ce qui se passe dans notre Pays de Guadeloupe n’est que la résultante de la faillite des politiques publiques jusque-là menées, calquées sur des modèles extérieurs et en complète inadéquation avec les réalités historiques, géographiques, sociologiques et culturelles.
Pour les avoir ignorées, le pays se trouve aujourd’hui confronté à une situation désastreuse dont nous ne mesurons pas l’ampleur. Pour mieux les appréhender, quelques réflexions s’imposent. La Guadeloupe est sous pression depuis vingt ans. De l’amélioration du niveau social qui s’imposait dans les années soixante, on est passé à un autre extrême, cette
pseudo-modernité d’aujourd’hui, sans se soucier du mal qui se répandait autour. A-t-on seulement pris le temps de s’interroger sur ce qu’il convenait réellement de proposer, ou mieux, d’interroger directement les intéressés sur le fond de leur souhait ? Cette perte de temps supposée de la part d’une élite au pouvoir, sans vision sur l’avenir et obnubilée par le modèle dominant, révèle aujourd’hui la profondeur du gouffre qui sépare les attentes du peuple par rapport à ce pseudo
idéal qui lui est proposé. On a pensé à ériger des tours de béton comme des étendards de succès politiciens, mais on a oublié l’homme, l’Homme guadeloupéen et particulièrement l’âme guadeloupéenne. Où serait donc passé notre Rêve ?
Le « rêve » guadeloupéen, n’est-ce pas la naissance d’une conscience guadeloupéenne et n’est-elle pas d’ailleurs de la responsabilité de Tous ?
Ce rêve a été mis à mal par un misérabilisme entretenu et une répression farouche de toute tentative de remise en cause de l’exploitation coloniale par le pouvoir. Tout cela n’a pourtant pas empêché l’éveil des consciences auquel on assiste. De ce
fait, je crois que notre plus belle performance est la réussite intellectuelle amorcée depuis les trente dernières années. On voit désormais le Monde tel qu’il est. Plus personne n’est dupe. Où l’on grugeait nos aînés, les générations d’aujourd’hui
ne l’acceptent plus. D’ailleurs, cette évolution des intelligences est mondiale. L’Homme en général n’autorise plus n’importe quoi et tout le monde aspire dorénavant au « droit à l’existence » et le Guadeloupéen aussi. La Société de consommation a investi l’esprit des adultes, mais surtout de nos jeunes qui ne connaissent malheureusement, que cette vie-là. Nos enfants ne
savent pas ce qu’est d’aller « charroyer » de l’eau des mares pour la toilette matinale. Nos enfants ne savent pas ce qu’est d’apprendre les leçons à la lumière de la bougie. Nos jeunes ne savent pas ce qu’est la valse matinale des tinèt, et
autres, j’en passe. D’où leur impossibilité naturelle à accepter la situation qui perdure et qui empire sans la démonstration surprenante de leur insatisfaction sociale.
À une époque, on partait en Métropole effectuer des études dans l’unique objectif de revenir au pays afin de faire progresser sa terre natale. Depuis une dizaine d’années, la donne a changé. La nouvelle génération part faire des études au Canada, aux États-Unis, dans la Caraïbe, mais dans l’esprit de s’établir à l’étranger.


Pourquoi ?
C’est un signe fort qui signifie que le Pays ne retient plus ses enfants. La crise économique et le chômage endémique qui sévissent depuis quelques années ont désormais fermé les portes de l’Avenir. Nombreux sont aussi les couples qui plient
bagages pour retourner vivre en Métropole ou ailleurs. Beaucoup d’Antillais qui atteignent l’âge de la retraite en France, ne reviennent plus passer leurs vieux jours dans leur pays d’origine. Ce sont là, des paramètres qui devraient nous imposer maintes réflexions.
Le fait que les Îles du Nord soient passées en Collectivité n’est pas une simple question administrative. Le fait que les Îles du Sud commencent d’affirmer leur ras-le-bol avec la Guadeloupe n’est pas un simple phénomène de mode. Posons-nous,
encore une fois, les vraies questions ?
On a trop la monomanie du laisser pourrir. On pense toujours que l’autre est un ignare en face, et que l’on a la science infuse. Cette attitude pousse toujours au conflit et lorsque la situation explose, il est déjà trop tard. Avons-nous toujours la communication adéquate pour désamorcer et éviter que les choses ne dégénèrent ? Avons-nous le sens de l’anticipation ? Nous aimons les bavardages et les situations conflictuelles. C’est même un héritage français dans lequel nous excellons.
C’est dans un esprit de combat de chefs, de gros bras, où personne ne gagne, et surtout pas le peuple guadeloupéen, que nous cherchons constamment à régler les problèmes.
Il faut croire que les Politiques successives issues de l’hexagone depuis la départementalisation se sont bornées à vouloir transposer un schéma macroéconomique dans un archipel microscopique. Or, il se débat chez nous une microéconomie basée encore sur des signes forts d’un schéma esclavagiste. Notre microéconomie vit de la culture de la canne à sucre et de la banane et il n’existe aucune autre forme de production exportable, viable et capable d’auto nourrir la population. On est dans le « débrouillardisme ». Tout est alors basé sur le jeu pervers de l’importation. Incapable de s’autosuffire, la Guadeloupe est esclave de la France, cette mamelle nourricière indispensable alors à sa survie alimentaire. Cette terre n’est plus que le théâtre de toutes les expérimentations consuméristes pour des développements, à grande échelle vers le marché national.
Nous ne sommes plus qu’une vitrine capitaliste pour un système qui se veut mondialisation et planétarisation. Est-ce à croire que la Guadeloupe puisse résister, survivre ou se développer avec un tel dessein ?
La Francité veut depuis la décolonisation nous intégrer voire nous absorber parce que probablement nos Politiques n’ont jamais su jusqu’ici réfléchir à un Modèle de développement économique guadeloupéen. Être partenaire de la France ne signifie pas le rejet de la France ! Il serait grand temps que la Guadeloupe fasse des propositions fortes sur « SON CHOIX » de développement économique, social et culturel.
Revenons à notre Jeunesse qui entend désormais parler de parachutes dorés, de spéculations boursières, de rémunérations mirobolantes de PDG et de cadres dans les grandes Entreprises. Ils entendent parler des gains du millionnaire, des dessous-de-table pour avoir des marchés, des casses, des contrebandes, des deals, des enrichissements faciles par la drogue, toute cette économie souterraine dévoilée au cou des boss et étalée au grand jour par des 4×4 pléthoriques sur nos routes.
Dans le domaine sportif, ils entendent spéculer sur les salaires sur-exagérés dans le foot, le rugby, le tennis, le golf et nous ne parlons même pas de la F1. La démesure règne en maître et seigneur grâce à son phantasme matérialiste constamment alimenté par le « toujours plus ». Tout cela est très tentant. On est bercé par cette pluie de milliards aisés qui n’a qu’un but d’aveugler et de meurtrir l’esprit des gens. J’en veux pour preuve le matraquage des spots publicitaires en télévision, dans la
presse écrite, sur les panneaux sauvages, et la prolifération de carte de fidélité dans les magasins, conduisant à une boulimie des achats pour endetter les ménages. Le coup du « acheter aujourd’hui et payer dans quatre mois », ou « oui, vous pouvez
faire dix chèques antidatés » ; à peine sortis des fêtes de fin d’année, on vend déjà la galette des rois. On parle déjà de carnaval, on est déjà à Pâque, ainsi de suite dans une spirale infernale de la consommation. Dans cette société, on est passé du capitalisme originel au capitalisme libéral, de l’ultralibéralisme au capitalisme sauvage où les riches se sont enrichis en
dépossédant les Entreprises pour gonfler les actions en Bourse. L’argent facile est l’appât rêvé, on veut tout et tout de suite ! On méconnaît le goût de l’effort et de l’attente. L’impatience de la réussite et la frénésie de l’enrichissement incitent l’homme à la perversité. Contrairement à nos aînés, qui ne souhaitaient que pouvoir nourrir leur famille, la génération d’aujourd’hui, en plus des richesses extraordinaires, veut la « notoriété ». Comme quoi, l’Image devient un objet de supériorité, monnayable en toute indignité et ce, quel que soit le prix.
Au résultat, le manque de surveillance et de régulation du système a mené le monde tout droit à la crise que nous vivons.
Une crise qui passe par l’argent, le « pouvoir d’achat », mais qui va beaucoup plus loin, engendrant un dérèglement psychologique collectif.
Crise oui ! À tel point, que les gros maigrissent et les maigres meurent. Une situation qui conduit les gens à la famine ou pire, qui transmet un sentiment de frustration, d’impuissance, et d’échec de soi. Une société du voyeurisme où ceux qui
réussissent, étalent comme des trophées, à profusion, leurs signes extérieurs de richesse.
Plus grave dans ce chaos, c’est l’homme guadeloupéen en définitive qui va mal. Lui, qui jadis était censé être le chef de famille, il ne supporte plus le regard de sa compagne et de ses enfants face à son échec pécuniaire. Il finit par s’esquiver, préférant vivre en multipliant ainsi les compagnes tous les deux ans sans pour cela se fixer. C’est la famille guadeloupéenne qui se disloque et nous avons comme résultat cette délinquance exponentielle qui gangrène notre Société. Le père n’est pas, le père n’est plus. L’homme guadeloupéen, macho qu’il est, refuse ce sentiment de honte dans une société qui ne reconnaît plus son « droit au travail » et, où il a l’impression qu’il faille soulever des montagnes au sens propre
pour exister et pour faire exister sa famille. Ce qui se vit mal en France, se vit terriblement plus fort dans la douleur ici. Il y a le poids de la Culture. Nous étions un peuple qui se targuait de ne pas imposer le travail à notre compagne et le seul salaire du père faisait vivre la famille.

Aujourd’hui, la Francité s’est étalée et deux personnes qui travaillent dans une famille n’arrivent plus à équilibrer un budget.
C’est que l’État a laissé le Patronat et les Spéculateurs diriger le monde économique, se retirant progressivement des régies et bradant tout investissement étatique ou semi-étatique, il ne contrôle plus les flux monétaires circulants. L’État a créé un État dans l’État. Il fallait aussi qu’il trouve un moyen astucieux pour financer les Partis Politiques. Tout le monde sait comment cela se passait et comment cela se déroule encore. Ceux qui détiennent les grands marchés publics sont ceux-là mêmes qui arrosent les propres pourvoyeurs pour continuer d’exister et de profiter. L’histoire du cercle vertueux. L’État a nourri une pieuvre par son capitalisme aveugle, irresponsable et égoïste sans jamais être capable de tenir compte de l’éthique, de la bonne répartition des richesses, du respect de ce triptyque qui fonde la République : Liberté – Égalité –Fraternité. En effet, pendant que l’intelligence générale s’améliorait, d’aucuns ont continué à profiter de la situation, alors qu’une autre tranche de la population, malgré des efforts surhumains, n’arrive pas, n’arrive plus à joindre les deux bouts, allant parfois
même à perdre l’acquis par la saisie immobilière. Dans les années Mitterrand, l’État a pu relancer et maintenir la consommation des ménages, grâce aux recrutements tous azimuts de fonctionnaires.

Aujourd’hui, ce même État n’a pas la trésorerie pour relancer la consommation par l’embauche publique. D’ailleurs les Collectivités se retrouvent dans la même situation de pléthore où la moindre embauche supplémentaire risquerait de déstabiliser leur budget déjà en mauvaise posture. C’est là un énorme problème ! Comment faire pour relancer l’économie ?
Des années électoralistes et du clientélisme, on a sabordé toute éventualité de recrutement de jeunes du niveau cadre B ou A. Il se pose dans ces Collectivités un véritable problème d’efficacité des services puisque 90 % des fonctionnaires sont
d’un niveau trop bas. De surcroît, ils refusent tout projet de formation ou de perfectionnement.
Dans cette société fonctionnarisée à outrance, même cette classe, désormais n’arrive plus à équilibrer son budget et encore moins à réaliser des économies pour relancer la consommation. Par déduction, on peut d’ores et déjà affirmer que la suppression des 40 % de vie chère dont bénéficie la fonction publique serait la mort totale de la Guadeloupe. L’État « papa De Gaulle » est terminé ! L’état RMIste, RSA et subventionniste n’a plus les moyens de son assistanat institutionnalisé. Les liquidités se sont envolées dans les pertes colossales des banquiers spéculateurs. Ils sont encore les premiers à vouloir continuer à spolier et à piller les fonds de l’État par des aides détournées. Dans ce système, on a tendance à oublier que l’argent de l’État est l’argent du contribuable. Personne n’est dupe de ce qui se passe et les populations vont se rebeller de plus en plus. J’affirme qu’une explosion sociale n’est pas chose impossible si des mesures urgentes ne sont pas prises.
Les gens et les jeunes en particulier ont l’impression d’avoir été grugés par les politiques menées et par les 15 % de la population qui détiennent hélas toutes les richesses du Pays.
La Guadeloupe ne peut pas trouver son équilibre avec une telle statistique de cinquante mille demandeurs d’emploi. C’est impossible et impensable.


Pour ce qui est du passage à l’euro, rien n’a été maîtrisé. Il serait grand temps de le dire, l’État, encore une fois, a laissé faire les Banques, les Trusts et les Firmes, et l’on ne nous dit pas toute la Vérité sur les méfaits de cette monnaie. L’euro est un échec. Il faut l’exprimer !
Les prix se sont littéralement envolés et tout a été multiplié par six, surtout pour tout ce qui est des denrées de première nécessité. Tout ce qui valait 1 Franc est passé à 1 Euro. Cependant, on oublie que 1 € équivaut à 6.50 F. Dans une telle
anarchie économique du coût de la vie, il n’y aura pas d’autre issue que l’implosion qui va précéder l’explosion. On s’aperçoit que la Société capitaliste n’a pas su maîtriser ou a volontairement laissé filer la vraie valeur de l’argent par rapport à la chose à acheter. D’où un décalage et une incompréhension totale de notre réalité. Il est effrayant qu’en 1976, un immeuble en béton R+2 puisse coûter 200 000 francs et qu’aujourd’hui pour réaliser le même immeuble qu’il faille dépenser 500 000 euros. Il y a là, une démesure totale pour ne pas dire une folie installée et légiférée qui conduit tout le monde droit à l’abattoir.
Au fil du temps, les populations se sont fortement urbanisées, tout le monde vit dans les villes, on a rejeté les vingt dernières années les terres et les campagnes. La nouvelle génération est essentiellement citadine. Or, la Société guadeloupéenne, à chaque moment difficile, a toujours su résister grâce à sa production propre et à son autoconsommation. La société Antillaise se fondait sur l’entraide, la proximité et le bon voisinage, tout cela n’existe plus. En tout cas, plus suffisamment pour servir de réseau de subsistance en attendant des jours meilleurs. Il est à remarquer que les revendications d’aujourd’hui sont incommensurables. De plus, je vois très difficilement l’État français être en mesure rapidement de porter une réponse positive à plus de cent vingt-trois points urgents de réclamations. (LKP). Des questions en plus qui, inévitablement, pour satisfaire la population, manqueront de réponses fiables dans ce même Système en place. Le total global des points de revendications se voit multiplier par deux si nous rajoutons les questions annexes et collatérales venant directement ou
indirectement des points essentiels. La « Question » des Îles du Sud ne figure même pas à la table des négociations. Or,
elle est d’importance pour ces îles qui se meurent depuis plus de vingt ans par un dépeuplement hémorragique.
Vu l’ampleur des points de revendication, il faudrait arrêter la Guadeloupe pendant plus de 365 jours arithmétiquement pour être en mesure de répondre de manière sensée et honnête. Il est question de trouver des solutions fiables, pérennes et non
des mesurettes.

Pour ce faire :
– Il faudra commencer par s’asseoir autour d’une table de réflexion afin de définir clairement les chantiers et les actions à mettre en place.

  • Il s’agira nécessairement de lister tous les points de revendications touchant l’économie, le social et le culturel.
  • Il sera indispensable de mettre en place un agenda, un calendrier de travail dans le temps avec les décideurs, par secteur d’activité propre et respectif afin de faire des propositions pour améliorer le système.
    – Il s’agira ensuite de rassembler tous les Corps dans une « Synthèse globale » consensuelle pour voir dans quel contenant pourra se réaliser toutes ces actions.
  • Ce contenu sera défini dans le possible immédiat, le court terme, le moyen terme et le long terme.
  • Il faudra dresser un programme de réalisation, lissé dans le temps sur au moins cinq ans en fonction des urgences.
  • Le contenant, c’est le Peuple guadeloupéen lui-même qui doit en décider. Toute action économique doit forcément être guidée par une Action Politique.

  • Cette politique tournée sur l’Avenir doit répondre à 3 critères :
  • Quel statut voulons-nous avec la France ?
  • Comment fortifier l’économie guadeloupéenne ?
  • Qu’elles doivent être nos relations humaines et économiques avec la Caraïbe ?
  • Pour cela, aux Guadeloupéens alors d’élire et de proposer les personnalités qu’ils veulent pour réussir le tournant des réformes par la voie démocratique. Aux Guadeloupéens, par le vote, de définir dans quel statut et rapport avec la
    France, ils souhaitent amorcer leur évolution. Toute autre approche serait hâtive, sous la pression et suicidaire. Nous sommes une force de propositions, mais plus que cela, nous devons faire preuve de
    méthodologie et de pragmatisme.
    Par conséquent, le Guadeloupéen doit pouvoir faire confiance à ses représentants. Nous devons, dès lors, faire appel aux compétences et à l’excellence pour réussir à amorcer avec confiance ce New Deal. Il nous faudra l’entente, le consensus,
    l’harmonie et le même amour de la Guadeloupe, tout en nous respectant pour démontrer aux générations à venir notre Sens des Responsabilités.
    Si nous manquons ce tournant, pris dans l’étau de la crise économique mondiale, notre Société va droit au mur.
    Si les réponses apportées à la crise que traverse notre société sont adéquates, porteuses d’avenir et innovantes, elles conduiront, nous l’espérons, à l’apaisement auquel a droit notre population ; dans le cas contraire, on aura perdu une
    opportunité de plus, et plus dur sera le réveil.
  • Lamentin, le 25 janvier 2009.
    Bernard LECLAIRE
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