En réponse à l’Intervention de Teddy BERNADOTTE
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40ᵉ anniversaire de l’Université des Antilles.
Cette intervention a retenu toute notre attention au niveau du CIPPA. Nous misons des lustres depuis sur l’excellence guadeloupéenne sachant, que dorénavant, nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes afin de trouver les solutions véritables à nos problématiques.
Ainsi, l’étroite collaboration de l’Université par rapport à la réalité du Pays, demeure un atout de réussite gagnant-gagnant.
Teddy BERNADOTTE a raison de souligner qu’aucune université digne de ce nom ne pourrait exister sans tenir compte de la photographie et des perspectives de son territoire. La mouvance du monde nécessite que l’on ait la capacité de s’adapter aux inévitables changements entrainés par la Mondialisation, voire de les prévenir.
Les politiques publiques doivent s’établir sur cette expertise universitaire afin d’éviter de tomber en anachronisme par rapport au réel.
En effet, depuis plus de vingt ans, on en a grandement fait pour concilier savoir et savoir-faire. De la théorie, passons à la pratique. Nous rencontrons beaucoup de nos universitaires dans les différents cabinets de nos Collectivités. C’est une excellente réalité.
Assurément, nous souhaitons que cette corrélation soit encore davantage soutenue. La préférence à l’embauche de nos compatriotes est indispensable, à condition bien sûr, de créer le potentiel. Des colloques, des ouvrages, des associations… et autres, œuvrent déjà pour cette étroite relation entre les deux, mais il faudra concrètement aller plus loin.
L’urgence est telle, que nous constatons quotidiennement et béatement l’abandon du Pays par notre population active, un fait dramatique qui devrait davantage nous apostropher.
Au CIPPA, lorsque l’on parle de « Souveraineté Alimentaire » comme levier pour définir notre secteur agricole, comme manette indispensable de notre économie, nous ne pouvons pas rester insensibles, soutenant alors étroitement de tels propos. Nous préférons tout de même parler « d’Autosuffisance Alimentaire », l’autre appellation serait un peu idéaliste, voire utopique. Cependant, la seconde nous semble tout à fait abordable par la mise en œuvre des mécanismes douaniers et fiscaux, traduisant ainsi une réelle préférence guadeloupéenne.
Remettre en cause la ligne ou l’obtention de financements européens afin de promotionner l’Aide aux Jeunes Agriculteurs est un constat intelligent, même si, quelque part, nous choisissons un PTOM (Pays et Territoire Outre-mer) dans le changement statutaire de notre Archipel.
Nous donnons autant à l’Europe qu’elle ne nous reverse, dans ce processus rien n’est gratuit. La totalité des actifs financiers, toutes les formes d’impôts confondues, octroi de mer, taxe sur la valeur ajoutée, budgets intrinsèques des Collectivités majeures ou de « La » Collectivité majeure à définir par un changement institutionnel, amendes, radars, sans compter les suggestions sur un pourcentage retenu sur la Française des jeux, notre fiscalité propre et autres… nous devrions largement être au-delà de notre actif financier du système actuel.
Oui, nous garderons l’Octroi de mer. Cependant, nous porterons une grande réforme sur les taux attribués afin d’harmoniser une véritable relance économique aux services des Guadeloupéens. Il est très sérieusement question de créer une banque locale d’investissements dans le but de répondre aux grands défis de demain.
Pourrions-nous, à ce point, plus longtemps laisser mourir les îles du sud ? De l’Université à l’existence, à la présence de nos cerveaux dans les postes du pouvoir guadeloupéen, certes une magnifique réalité, mais aujourd’hui ce facteur doit devenir un tremplin de réussite tangible et visible à l’œil nu.
La question qui me vient spontanément à l’idée est celle de savoir si nos différents élus prennent réellement en considération les conseils des Experts qui dispensent recommandations et feuille de route ?
S’il s’agit d’avoir des universitaires à côté de soi comme porter un sparadrap sur une plaie afin de cacher la profondeur et l’étendue de la calamité, alors nous devons nous interroger sur la réelle stratégie du comment sortir de cette agonie ?
Je dis qu’il serait temps que ces intellectuels se positionnent en véritables Politiques en place de celles et ceux qui parfois n’ont pas le réel désir du changement. Le moment que nous vivons nous impose une forme d’authenticité vis-à-vis des autres et de nous-mêmes.
Le temps de l’objectivité doit être à l’avant-poste de nos actions. Encore une fois, il ne s’agit pas d’entrer en guerre contre quiconque, le Pays est trop petit pour des guerres intestines. Nous devons ensemble, nous mettre au service de la réussite et de l’excellence de la Guadeloupe.
Pour ce faire, nos intellectuels encadrants au sein des Collectivités majeures peuvent conseiller les différents chefs d’édilité, qu’il serait temps de constituer un Groupe de Réflexion travaillant sur un Grand Congrès Constitutif qui déboucherait sur une ligne de changement institutionnel afin de créer une Assemblée Unique recherchant l’efficacité méthodologique pour « l’optimisation » de la relance économique globale de la Guadeloupe. Ce grand cadre fixé nous permettra d’envisager une feuille de route pour aboutir à une proposition statutaire pour l’Autogestion de notre Territoire.
Sachant que la Guadeloupe est un Archipel, il conviendra par un « Conseil des Îles du sud Élargi » d’élaborer un système fiscal permettent à Marie-Galante, la Désirade et les Saintes de bénéficier très rapidement à un électrochoc économique afin d’enrayer immédiatement la déperdition des populations.
Les Politiques ont la responsabilité première, avec les Universités, de créer les conditions de cette rencontre, de ce travail, de cette réflexion, de ce Brain-Trust… pour essayer enfin de sortir la Guadeloupe de sa léthargie.
Le CIPPA se met au service des Guadeloupéens pour le rédactionnel d’une pré-loi Organique avec toutes les Entités, individualités et autres… qui voudront bien se joindre à ce Collectif de Travail pour rendre la copie de la Guadeloupe de demain sur la table de l’État français.
Nous ne cultivons aucun traumatisme à ce sujet et cela fait longtemps que nous avons préparé cette indispensable étape de notre Pays. En effet, nous savions avant d’autres (humblement) que tôt ou tard, il n’en serait pas différemment dans la dialectique des évènements à venir. Le pire serait d’accepter, bon gré malgré, une Autonomie forcée où nous n’aurions pas cette respectabilité de nous-mêmes à proposer la ligne verticale en adéquation avec les doléances de notre population, nous permettant alors de rester en stature debout, face à l’horizon des grands enjeux déjà là.
Un Pays qui ne rêve plus est un Pays qui se meurt. Cher Teddy, je compte sur toi pour promouvoir cette grande fraternité autour de la table résurrectionnelle de notre quête légendaire de Dignité.
Pon moun pa pli moun ki nou !
An nou las fè bigidi, I lè pou nou sav sa nou vlé !
Bernard LECLAIRE
Président du CIPPA.
Grand-Bourg le, 20/12/22