19/03/2024

INTERVENTION DU CIPPA AU CONGRES DES ELUS

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Monsieur le Président du Congrès,

Mesdames, Messieurs les élus,

 

Monsieur le Président,

Vous nous avez conviés, aujourd’hui, à un Congrès sur le projet de société pour la Guadeloupe. Malgré toute notre bonne volonté, nous avons de la peine à croire au sérieux de votre initiative, parce qu’en réalité, vous, et nombre des élus ici présents, avez déjà choisi un modèle de société.

En votant ou en appelant à voter « oui » au traité constitutionnel européen de 2005, en votant pour – ou en refusant de voter contre – la ratification du Traité de Lisbonne le 4 février 2008, vous avez délibérément choisi une société basée sur l’ultra-libéralisme ; c’est-à-dire un modèle de société violente, où les forts écrasent les faibles, où les individus et les peuples sont soumis à une concurrence « libre et non faussée » et dans lequel les conquêtes sociales et les services publics sont remis en cause de manière drastique.

En votant pour cette Europe-là,  et puisque vous êtes quasi intégralement partisans du droit commun dans le cadre de la République française, vous avez entraîné le peuple guadeloupéen dans un modèle  de société qui ne correspond ni à ses valeurs traditionnelles de solidarité, ni à ses aspirations à l’égalité et la fraternité.

Oui, vous et vos amis avez déjà choisi pour nous ce modèle de société basé sur le dumping social ; ce modèle, qui au nom de la concurrence et de la compétitivité, remet en cause les acquis sociaux ; ce modèle qui justifie et encourage la pwofitasyon au nom de la liberté des prix.

Oui, vous avez déjà choisi pour nous la disparition de nos activités productives au nom du libre échange et de l’intégration européenne.

Et, en réalité, vos querelles politiciennes avec la droite ne peuvent masquer votre profonde convergence de vue avec eux sur le modèle de société à imposer à la Guadeloupe.

En ayant décidé de nous amarrer ainsi à l’Union européenne, vous allez irrémédiablement entraîner la Guadeloupe dans la catastrophe qui s’annonce en France, avec des cures d’austérité sans cesse renforcées et de nouvelles mesures anti-sociales qui ne vont qu’aggraver la misère des plus fragiles.

Comment prendre, aujourd’hui, au sérieux votre intention d’un projet de société alors que vous vous êtes, presque tous, toujours obsessionnellement opposés à la moindre évolution politique et avez toujours refusé de donner au peuple guadeloupéen les moyens de résoudre les problèmes qui lui sont propres ?

La plupart des élus ici présents, n’ont pas su, en plusieurs décennies, faire reculer le chômage, initier un développement économique, du transport, du logement, de la formation des jeunes, du traitement des déchets, de la montée de la précarité.

Par refus idéologique d’examiner d’autres solutions que celles acceptables par un assimilationnisme béat, vous vous êtes rendus impuissants à enrayer la montée de la délinquance et de la violence. Inertes face au scandale du chlordécone, vous avez été les complices de la défiscalisation, c’est-à-dire d’une scandaleuse injustice fiscale, et vous vous êtes faits complices de la pwofitasyon, c’est-à-dire d’une scandaleuse injustice sociale.

Quoi de pire, pour un politique, que le manque d’ambition pour son pays ?

Face à votre document de travail qui, au-delà de formules de communication et de phrases creuses, n’avance absolument aucune solution concrète à la crise de la société guadeloupéenne, le CIPPA propose une projet capable de permettre au peuple guadeloupéen d’accéder au développement économique et au bonheur commun.

Ce projet de société, qui nécessite la mobilisation des Guadeloupéennes et des Guadeloupéens, est une alternative économique et politique au désastre actuel.

L’alternative économique de ce projet est fondée sur 6 axes :

  1. La conquête de notre Marché intérieur ;
  2. Un nouveau mode de vie basé sur une consommation économe en ressources importées ;
  3. Un tourisme imaginé par les Guadeloupéens et qu’ils s’approprieraient ;
  4. L’exploitation des énormes ressources de notre zone économique exclusive (ZEE) ;
  5. Un programme de grands travaux ;
  6. Une fiscalité guadeloupéenne.

Ce programme économique ne pourra être sans une alternative politique. Le développement de la Guadeloupe par des mesures dérogatoires présente un caractère aléatoire, partiel et limité dans le temps qui ne permet pas de fonder des perspectives durables. Notre développement économique ne peut être espéré d’un régime basé sur l’exception, il ne peut provenir que d’un régime de droit, constant et entier.

Cette alternative ne pouvant pas se faire dans le cadre départemental (Assemblée unique ou non), le CIPPA propose un changement de statut à partir d’un compromis avec l’Etat. Ce compromis repose sur un partage de compétences, entre celles qui relèveront de la nouvelle collectivité guadeloupéenne et celles que l’Etat Français continuera d’assumer.

Mais au-delà des modifications institutionnelles et statutaires, la victoire contre le sous-développement, contre le chômage, contre le péril écologique et pour une justice sociale passe par une implication toujours plus grande de tous les citoyens dans les affaires de notre pays. Tout projet pour la Guadeloupe qui évacuerait cet aspect serait voué à l’échec.

Le peuple doit être le seul à décider des institutions qu’il souhaite comme du calendrier politique.

Les représentants actuels ont été élus pour gérer un département et une région, non pour décider à la place du peuple.

C’est pour cette raison que le CIPPA demande la mise en place d’une Assemblée, élue à la proportionnelle intégrale, pour rédiger un programme économique et politique qui sera soumis et approuvé par le peuple avant toute négociation avec le Gouvernement.

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs les élus,

Le projet, c’est le peuple.

Alain Plaisir
Président du CIPPA

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One thought on “INTERVENTION DU CIPPA AU CONGRES DES ELUS

  1. L’échec ne signifie pas que vous êtes l’échec , cela signifie que vous n’avez pas encore réussi .
    La main invisible du marché se déplace toujours plus vite et beaucoup mieux par rapport à la main lourde du gouvernement .

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